Jour 9 : D'Ekra à Husavik

Nous voilà enfin au Nord de l'Islande. Au Nord, il est censé faire plus beau qu'au sud, et puis il y a une espèce de petite douceur de vivre là-bas qui m'avait enchantée, notamment à Husavik -le cliquetis des mâts dans le vent sur le petit port de pêche n'y est certainement pas étranger. Alors cette fois-ci on passera 3 jours à Husavik, au B&B Arbol, où l'on avait déjà dormi il y a 10 ans, petit déjeuner aux divers poissons marinés inclus, nostalgie, souvenirs quand tu nous tiens. Le propriétaire a changé, la maison et le petit dej aussi, mais j'y reviendrai un peu plus loin. Pour l'instant, donc, il nous faut quitter notre douillet petit cottage et choisir entre deux options : 1) piquer complètement au nord, frôler le cercle polaire pour de vrai ou presque à Raufarhöfn en passant par des bains chauds recommandés par le Lonely Planet (Selardaslaug) 2) filer vers le parc national s=du Versturdalur, "paradis des randonneurs", qui commence par une immense chute d'eau, très puissante (Dettifoss) et se termine plus au nord par un canyon en forme de fer à cheval (Asbyrgi) où l'écho résonne étrangement. Malgré la météo toujours aussi engageante, impossible de résister, on part à l'assaut du parc. Il faut dire qu'outre le point de départ et d'arrivée, le centre est truffé de merveilles comme la montagne rouge brique du Raudholar qui m'a faite rêver avant de partir et les Hljodaklettar (là en vrai je suis allée vérifier l'orthographe dans le guide, hein), un petit périmètre de curiosités géologiques de toutes sortes au milieu desquels on peut marcher (et boucler avec l'ascension du Raudholar).

Dettifoss fait partie de ces "hot spots" du voyage en groupe, mais quand c'est sur le chemin, c'est vraiment dommage de râter ça. Que d'eau. En chemin, le brouillard se lêve et on peut admirer les gorges de la rivière glaciaire Jokulsa a Fjöllum

Les gorges

Dettifoss, 193m3 d'eau à la seconde soit 15 piscines du jardin

Ca glissouille un peu, papa Titoubrun et son vertige galopant sont aux 400 coups et les mains des enfants frisent la transformation en César d'honneur. Autant vous dire que sur ce coup-là, ils ne risquaient pas de tomber ! Après un pique-nique humide bisbisbis repetita, on part donc à l'asaut du Versturdalur. Mais pas folles les guêpes, cette fois-ci, on s'équipe à mort avant de partir se balader.

On commence par une balade de 4km dans le Hljodaklettar. Effectivement ce que nous voyons est pour le moins étrange ! Le terrain est bien accidenté, ma cheville qui va mieux cependant se régale ! Le soleil revient timidement, mais assez pour fourrer vite fait les capes non techniques sauna portable dans les sacs à dos ! Petite précision, les sentiers sont TRES bien indiqués et balisés.

Vue d'ensemble en montant un peu plus haut, on ne voit pas ça à tous les coins de rue ... On continue par la (très raisonnable) ascension du Raudholar. On m'a promis une montagne rouge, mais où est-elle ? Je finis par me dire que je me suis trompée de Raudholar (un autre sommet du même nom est annoncé sur la micro carte du guide, mais de l'autre côté de la rive) car on ne voit rien et il ne reste plus qu'un 1 km de balade annoncée : stress !

Et c'est alors qu'au détour d'un mur de basalte, il apparaît, aussi majestueux et ... rouge... qu'annoncé. Splendide. Il a même un petit air de grand canyon du grand nord ce Raudaholar vous ne trouvez pas ?

Pour préserver cette balle nature, on ne peut plus monter jusqu'à son sommet, mais de là on on s'arrête, la vue est déjà belle, et on aura marché sur ce sable rouge comme on marche sur la lune. On se sent tout petit ici, et en même temps immensément heureux d'être terrien.

En 8km on aura changé 3 fois de paysages (j'ai oublié de vous montrer les tapis de myrtilles, très apétissants) et à chaque fois on n'a pas intérêt à fermer les yeux !

On continue la route vers Asbyrgi, pour faire une petite balade dans la forêt enclavée dans le canyon. On ne verra pas la vue "en fer à cheval", mais trouver une forêt en Islande est assez rare pour qu'on le savoure. La balade est très courte (2km à peine mais il est tard, on ne s'attarde donc pas trop)

Après cette fabuleuse journée en plein air, il est temps de faire route vers Husavik. Cette jolie petite ville tranquille en bord de mer est toujours aussi agréable. On loge dans une annexe de la maison Arbol, qui a donc été reprise par Tholli et son épouse. Tholli (de son vrai prénom imprononçable) est plein de gouaille et de bonhommie, passionné par son pays, fier d'être islandais. On le devine plein d'énergie et de ressources. Il parcourt en ULM avec un de ses amis le ciel Islandais pour mieux prendre la mesure de ce qui se passe en dessous (et il vend ses oeuvres, par ailleurs géniales, c'est aussi un très bon commerçant :D). Bref, le check in dure longtemps, on discute, je lis le "few facts about Iceland" placardé sur son mur et que je vais vous retrouver, promis, car j'ai la version papier quelque part ! Il me dit "ne prenez pas trop de photos si vous voulez des souvenirs" : on est sur la même longueur d'ondes, c'est ce que je répète aux enfants depuis le début du voyage. Tout ce que l'on fixe via l'objectif restera sur l'ordinateur, mais beaucoup moins dans nos têtes sur le long terme comme on l'a vraiment vécu, j'en suis certaine.

L'appartement est vintage, papier à fleurs et moquette à moumoute, c'est la maison des grands parents de Tholli, dans son jus, impeccable. On partage avec les deux autres appartements une grande cuisine et une salle de bains, et les petits dej se prennent dans la maison principale.

Ici, ce qui est vrai partout en Islande me frappe un peu plus : pas de barrières, pas de clotûres, pas de portes fermées. C'est vrai qu'on est dans un pays où les faits divers font figure de crimes nationaux. Mes lectures de polar m'apprennent que ce n'est pas tout rose en Islande, certes, mais on perçoit tout de même un principe de confiance naturelle, qui, je l'espère n'est pas que le fruit d'une idéalisation vacancière.

Pour une fois, on dîne au restaurant. Pour une fois parce que les restaurants en famille en Islande coûte tout simplement un bras (et demi). On opte pour le Naustid, en bord de port. Les enfants font la tête parce que "y a que du poisson" et finalement, en redemande tellement c'est frais et délicieux ! J'aime quand ils savent reconnaître les bonnes choses :D