Jour 8 : de Berunes à Ekra Cottages via Borgarfjordur Eystri

Bref : la journée des fjords de l'Est. Il paraît que les fjords de l'Est sont un peu le parent pauvre du tourisme en Islande. Les fjords de l'Ouest sont plus majestueux et plus inaccessibles (mais méritent du coup qu'on y passe un bon moment, et ils ne rentraient pas dans la case). De ce fait ils ont un petit côté hors circuit bien sympathique, même s'il a fallu choisir dans lequel passer un plus de temps au détriment des autres. Celui qui me tentait le plus : Mjoïfjordur. Vraiment au bout du monde. Mais l'attrait macareux l'a emporté et avec lui : Borgarfjödur Eystri estampillé "sauvage et charmant" et relativement "au bout du monde" aussi quand même. Comprendre : accessible au bout d'une moitié piste/ moitié route un peu pentue un peu glissante en cas de pluie (mais sans aucun aucun souci en fait, d'autant qu'il a plu... un peu beaucoup) et carrément inaccessible par voie de terre par temps de neige. Il ne se passe rien à Borgarfjördur, et c'est très bien comme ça.

On commence cette journée par les annoncées mythiques et vraiment délicieuses crêpes au petit déjeuner préparé par Olafür. Et le muesli aux pruneaux, et les confitures de rhubarbe... quel régal ! Premier stop à Egillstadir, la grosse ville des fjords de l'est, pour une pause ravitaillement, on file ensuite à Borgarfjördur qui nous promet une météo euh : mitigée. Arrivés pour le pique-nique au point d'observation des macareux, on en voit des centaines, mais qu'est-ce qu'on se caille ! Pas plus de 4°C et quand cette petite pluie froide commence à tomber sur le jambon blanc... comment dire... d'un coup d'un seul il vaut mieux ne pas trop penser aux copains qui comptent les feuilles de palmiers.

Mais malgré le vent et la pluie, l'observation des macareux, c'est génial : ils sont aussi mignons qu'ils en ont l'air, avec leur bec bigarré et toujours prompts à se casser la figure à l'atterrissage. On ne s'en lasserait pas. En tous cas pas avant de finir congelé. Après on hésite : rando ou pas ? à l'aune de centimètres de précipitations au cm², on opte pour l'exploration des mythes islandais, plutôt. Parce que Borgarfjördur est un centre névralgique du monde caché : la reine des Elfes a élu domicile sur une montagne toute proche : Álfaborg. Une maîtresse d'école a créé un petit centre pour les enfants sur le sujet : Aevintyraland (adventure land). En arrivant, les enfants se déguisent (déguisements home made, très beaux et qui font briller les yeux). Ensuite, on leur donne un Ipod sur lequel ils peuvent écouter (=les parents peuvent traduire) les légendes de la région tout en jouant dans des pièces représentant la mer, un coffre au trésor, le dessous d'un volcan. Tout est très bien fait, et prête au jeu et à l'imagination. Même adulte, on s'y croirait. Cet endroit est génial, pas du tout bondé (on était les seuls, autant vous dire que les enfants en ont bien profité) et qui donne aussi l'occasion de discuter avec celle qui a eu cette bonne idée. De la vie sur place, de la croyance (ou non) dans les elfes et le peuple caché. Tout ce pan de la culture islandaise me fascine : réussir à faire dévier une autoroute parce que des elfes habitent sur le chemin prévu : je trouve ça formidable. Evidemment les islandais sont nombreux à ne pas y croire, mais ils n'en font pas moins vivre toutes les traditions ancestrales autour du sujet. C'est leur histoire, produit des lieux, témoin de la toute puissance de la nature. On a beaucoup de mal à faire changer de lieu les enfants après 2h de jeux, et je les comprends. Cela reste encore aujourd'hui un de leurs meilleurs souvenirs des vacances.

Après quoi on fait le tour du village, qui recèle tout de même quelques jolies surprises,

Séchoir à poissons

Maison à toit d'herbe qui ne se visite pas pour la bonne raison qu'elle est habitée

Puis, on s'emballe, sur un coup d'éclaircie, on se dit que c'est dommage de ne pas profiter de toutes ces magnifiques balades alentours. Et on part à l'assaut du Storurd, "juste une petite rando de 4h" easy. Surtout quand il se met à pleuvoir à seaux environ 2km après le début de la balade et qu'on n'en voit pas le bout du tout ! On abandonne au bout d'1.30 sous la pluie, sachant qu'il faudra faire le retour dans les mêmes conditions. Jamais on aura autant apprécié la douche que l'on prendra dans notre (super) hébergement à Ekra Cottages, pas beaucoup plus loin heureusement ! Super joli chalet, bien agencé et très confortable, j'y allais sur la pointe des pieds et en fait on vous le recommande chaleureusement. On récupère les clefs dans une ferme un peu avant les chalets : la propriétaire est adorable, et peut même faire une lessive et la sécher (on est arrivés trop tard, mais c'est un service appréciable quand on dort dans un lieu différent chaque soir !). Dans le livre d'or, on apprend que la vue est splendide : on croira les autres hôtes sur parole, car il n'y a que de la purée de poix devant nous. En tous cas, on aurait bien posé nos valises quelques jours ici, ça en vaut vraiment la peine et ça sent les vacances !